Haïti Noir is Now in French (Written By Radiotelevisioncaraibe.com)

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Recueil de nouvelles présenté par Edwidge Danticat : Flamboyance et Déchirures! Ami Lecteur, Toi qui a remarqué récemment que l’on parlait médiatiquement du passage douloureux de « Sandy » à New-York, en oubliant ses ravages directs en Haïti, il t’appartient de lire d’urgence ce livre, absolument remarquable et magnifié.

Tous les auteurs, réunis par Edwidge Danticat sont Haïtiens, qu’ils vivent sur place ou qu’ils appartiennent à la diaspora.

Tous les auteurs évoquent avec une verve sensible et une âme passionnelle, profonde, les réalités de leur Île en n’omettant ni les soubresauts de ses vécus, ni sa violence installée, ni ses tensions familiales ou d’échelle sociale, mais en plaidant aussi, avec constance et fidélité, pour une meilleure connaissance de ses cultures et traditions et notamment des habituels contes fantastiques qui peuplent les imaginaires et déploient un univers chaleureux, envoutant et parfois inquiétant…

M.J. Fievre s’emploie à décrire de manière ciselée et avec un doigté pétri de nuances sensibles la naissance de l’intimité qui peut glisser vers un Amour conquis partagé mais aussi vers une manipulation affective au sein de laquelle on peut se perdre…

Gary Victor, avec une nouvelle remarquable intitulée « Le Doigt », proche du fantastique, parle d’un fonctionnaire investi et juste, qui se trouve muté en un endroit insidieux et complexe d’où il veut s’échapper et qui finira par rester cloué sur place ne maîtrisant même plus ses propres repères et que  son frère parti sur ses traces ne pourra reconnaître…

Evelyne Trouillot, dans un drame sur la gémellité, très proche des inspirations du film « Sœurs de Sang » de Brian de Palma, donne corps avec force à la possibilité d’une Maman de tout faire pour que sa fille connaisse une meilleure vie, et, qui la fait passer pour une autre, préférant la perte à l’impossibilité déchirante de lui confier un avenir…

Edwidge Danticat, dans une nouvelle subtile et d’une tendresse absolue qui ne recherche jamais le pathos mais qui ne peut laisser insensible, revient sur les traces d’une fillette de 7 ans, orpheline de Maman et dont le Père aimant considère lui aussi qu’elle sera mieux éduquée par une Commerçante ayant elle-même perdu sa fille et disposant de plus de moyens ; Claire, la fillette décidera de son destin et « s’envolera » à sa manière ; on assiste à une nouvelle parabolique qui donne un relief saisissant sur les duretés de la vie sur place et surtout qui donne corps et chœur aux enfants de l’île, dont on ne parle souvent que par les adoptions internationales et pas assez pour montrer leur soif de vie et leur envie d’évoquer directement leur sort…

Ibi Aanu Zoboi in Haiti (Zoboi photos)

Ibi Aanu Zoboi intègre les soubresauts du séisme de 2010 avec la vie vagabonde et amoureuse d’un autochtone qui aime tellement ses femmes qu’il veut les garder près de lui, quelles que soient les réalités de danger qui s’annoncent ou s’amoncellent…

Haitian Author, J-R Large

 

 

 

Josaphat-Robert Large met de la voix sur l’indicible et notamment sur les rapts crapuleux organisés souvent par des personnes simples, et au départ non violentes, qui trouvent par ce « procédé » les moyens de sortir de leur condition : le style se voit direct, vif, n’élude rien et on en ressort à la fois désespéré, fataliste et aussi puissamment installé pour combattre l’horreur qui passe d’abord par un vivre-ensemble retrouvé et une fraternité reconstituée en ce pays meurtri en permanence et livré aux bandes, à la vindicte et à l’insuffisance Institutionnelle.

Marie Lily Cerat interpénètre les contes et légendes d’Haïti avec une mise en perspective sur des habitudes peu refoulées où jeunes filles et femmes sont obligées d’exposer leur corps pour survivre et où l’appel aux esprits vise à mettre au pas les tortionnaires institués ou de passage.

Louis-Philippe Dalembert n’hésite pas à mettre en cause l’indigence et la promiscuité de certaines ONG dont la générosité se voit dénaturée et pour partie au moins avec leur complicité…

Katia D. Ulysse place des mots exceptionnels sur les tiraillements et douleurs s’enchevêtrant entre Haïtiens restés sur l’île et avides de son climat, de ses senteurs et paysages et ceux de la diaspora, localisés surtout à New-York, pétris de bons sentiments mais parfois excessifs et fallacieux dans leurs jugements et leur volonté de réunir la famille pour un exil du soi-disant « mieux vivre ».

Mark Kurlansky décrit la cohabitation de la misère sociale avec la fortune en excès et déploie sa nouvelle avec des harmonies luxuriantes et un hommage singulier, comme une ode à la Négritude.

On ressort de la lecture de ce recueil magistral avec quatre mots inscrits sur les lèvres :

Le respect dû à la force admirable des Haïtiens qui continuent à tenter de vivre, par delà les insupportables souffrances récurrentes endurées et par delà l’absence quasi nette de confiance en l’avenir

La reconnaissance d’une culture diversifiée et épanouie qui contribue par les nouvelles palpitantes de ce recueil à essaimer de manière impressionniste un message porteur d’espoir et de délivrance

Le combat à endosser pour se sentir solidaire des efforts des Haïtiens pour vivre en fraternité, sans corruption et avec des Institutions enfin utiles pour l’intérêt général

Le remerciement pour avoir, par cette lecture, mieux cerné les enjeux de vie de cette île traumatisée, tragique mais désespérément optimiste

Remerciements appuyés à Estelle Durand (Asphalte Éditions) pour cette découverte absolument passionnante.

Éric

Haïti Noir, recueil présenté par Edwidge Danticat.

Avec des nouvelles de Marie Lily Cerat, Louis-Philippe Dalembert, Edwidge Danticat, M.J. Fievre, Mark Kurlansky, Yanick Lahens, Josapha-Robert Lange, Kettly Mars, Nadine Pinede, Rodney Saint-Éloi,  Madison Smartt Bell, Patrick Sylvain, Marie Ketsia Theodore-Pharel, Evelyne Trouillot, Katia D. Ulysse, Gary Victor, Marvin Victor et Ibi Aanu Zoboi.

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Becoming Haitian

KC has lived in Haiti since 2004. Melissa, her sister, dreams of the day when she and KC will stand side by side on Haitian soil. Melissa is unable to travel due to serious health issues. “Haiti transforms people,” Melissa says.  “KC is not the same person she was before she went to Haiti. So much about her has changed. I would love to experience that transformation. I would love to put my own feet on Haitian soil and feel what KC must feel when she’s there.”

KC and Melissa are at my house. I was supposed to make Haitian food, but time did not allow it. We’re having pizza instead.

KC’s eyes are not committed to anything in the present space. “I cannot live in the United States anymore,” she blurts out suddenly. Unexpectedly. “Haiti is the place I was born to call home.” She repeats the words in Haitian Kreyòl–just in case I had failed to understand her the first time: “Mwen pa vle rete Ozetazini ankò. Se Ayiti ki lakay mwen.”

Melissa blinks hard. “Haiti has seeped into our family’s veins,” she says resignedly. “I can’t imagine a time when it will not be a part of our lives. I just want to be with KC there. One day. I want to go to Haiti, too.”

KC’s words come hurriedly, like someone who is late for a very important appointment. In her mind she’s ready to get on that plane and fly back to the place she calls home.

She says: “I am like the product of two plants that were grafted together. Once the new plant takes on a life of its own, it can never go back to what it was before. It did not exist before. The consequence cannot be undone. That is how I feel about Haiti. We’ve been grafted together. The person I am today is the result of that graft. In a sense, Haiti and I are now one. That cannot be undone.”

“KC, I know you’re happy in Haiti,” Melissa says. “I know you love it there. But isn’t it hard to leave your blood relatives for extended periods of time? Don’t you miss us when you are that far away?”

“The reality is that I don’t miss anything that’s in the United States.”

Melissa flinches. “I am not talking about the United States. I mean, don’t you miss the people in the house we live in? Your family’s house? Don’t you miss your family?”

“I am not the person I was before I moved to Haiti seven and a half years ago,” KC explains. “Besides, Haiti teaches you to accept what you have. When I am in Haiti, I am content to be with the family I have there. When it’s time to come to the United States, I come. Then, I leave. But I don’t end up missing people, because I know the reality of where I am.”

Melissa reclines in the chair. She doesn’t appear to be as nervous as before. There’s a flash of color on her face now. She clears her throat like someone stalling for time. “KC, you said when you first went to Haiti there was a constant longing in your heart.”

KC doesn’t really shrug her shoulders, it only looks that way. “Of course, there’s that longing of the heart. . .” she adds.

“You said you missed your home in the States. You even said you had to push through that sadness. You had to force yourself to stay. Don’t you feel that way anymore?” Melissa’s voice weakens.

KC must have asked herself that same question many times; her answer comes fast: “That was in the very beginning. I don’t feel that way anymore. Sitting here right now is not what I want. I’d much rather be in Haiti. That’s where my heart is. I have to be where my heart is. Or else I don’t feel whole.”

Melissa gives a sisterly smile and shakes her head in a slightly mournful way. Even though they’re sitting on the couch next to each other, a part of KC remains overseas, unreachable.

KC bites her pizza. “I learned how to make diri kole now. I got a great recipe from a friend. I’m still working on how to make pate.” She drifts off into her own distant world.

“See what I mean,” Melissa gestures wildly. “I have to go to Haiti, too. That’s all my sister thinks about. I want to feel what she feels. I want to feel transformed, too.”

 

Going Home: Ibi Zoboi Writes About Returning to Haiti

Ibi Zoboi writes:  “I fear not having my story heard.  And this would not be my story alone.  I’d be pulling from memories and fears that are not necessarily my own.  The memories of my family when they passionately talk about Haiti and Haitian politics.  The fears of those in Haiti who truly believe that there’s no hope for their nation.  The images of Haiti are true and false, warped, and precise.  There are contradictions, dichotomies, dualities that coexist like Marassa.  See, there’s a lwa for just about every concept.  That’s what I have to offer, I guess: Another perspective on the spiritual science all Haitians have inherited.  My own writing.”

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Reprinted with author’s permission.